Le Cameroun est en pleine effervescence numérique, et le phénomène des cryptomonnaies est au cœur de cette transformation. Une étude récente, présentée à Yaoundé, révèle l’ampleur croissante de l’adoption de ces actifs numériques dans le pays, mais souligne également les défis réglementaires et les risques d’arnaque associés aux systèmes de Ponzi.
Découvrez ce que disent les chiffres, les enjeux de la réglementation dans la zone CEMAC, et pourquoi l’investissement dans la crypto au Cameroun doit se faire avec une extrême prudence.
1-Chiffres Clés : L’Envolée de la Crypto au Cameroun
L’étude sur le développement de la cryptomonnaie au Cameroun met en lumière une adoption significative, propulsée notamment par la crise de la Covid-19, qui a mis en évidence le besoin de transactions sans déplacement :
- 900 000 : C’est le nombre d’utilisateurs de cryptomonnaies estimés au Cameroun à ce jour.
- 6,76% : Le pourcentage de la population active camerounaise impliquée, plaçant le pays au 11e rang africain.
- 1 600 dollars (environ 800 000 FCFA) : La moyenne d’investissement d’un client dans la crypto-monnaie.
Ces données confirment que la crypto est bien plus qu’une simple mode ; elle représente une nouvelle source de revenus, particulièrement pour les populations à revenus moyens ou bas.
3- Le Piège des Systèmes de Ponzi : Attention aux Arnaques !
Malgré l’engouement, le secteur de la cryptomonnaie au Cameroun a été entaché par de retentissantes faillites. Des entreprises comme Mida, Mekit Invest, Chymal, et Liyeplimal ont fait les gros titres, accusées d’avoir masqué des systèmes de Ponzi derrière des offres d’investissement en cryptomonnaie.
Un système de Ponzi est une fraude financière où les rendements promis aux premiers investisseurs sont payés avec l’argent des nouveaux clients, et non par des gains d’investissement réels. C’est un schéma insoutenable qui mène inéluctablement à l’effondrement et à l’arnaque des épargnants.
L’étude a révélé que seulement 57% des utilisateurs déclarent avoir connaissance des risques encourus (faillite, vol, arnaque). La prudence est donc le maître mot avant de placer ses fonds.
4- Les Défis de la Réglementation en Zone CEMAC
Face à l’explosion de ces activités, les régulateurs de la zone CEMAC (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) tentent d’adapter le cadre légal.
Un nouveau règlement du marché financier, entré en vigueur en août 2022, a introduit les notions d’« actifs numériques » et de « jetons numériques ». Cependant, ce cadre, élaboré par la Cosumaf (Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale), est jugé insuffisant.
Recommandations de l’Étude
Pour assainir le secteur et protéger les investisseurs, l’étude propose des mesures fortes :
- Clarification Termes : Saisir la Cosumaf pour définir clairement les termes « jetons numériques » et « actifs numériques« .
- Statut des PSAN : Accélérer la finalisation du statut des Prestataires des services numériques (PSAN).
- Lutte Anti-Ponzi : Identifier et fermer immédiatement les entreprises qui combinent activités crypto et système de Ponzi.
- Veille Multisectorielle : Mettre en place une plateforme de surveillance (impliquant Minfi, Beac, Cosumaf, etc.) pour les activités de cryptomonnaie.
- Monnaie Numérique de Banque Centrale : Étudier l’introduction d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) en zone CEMAC.
5- Investir en Crypto au Cameroun, Oui, Mais Informé
Le Cameroun est un acteur majeur de l’adoption de la crypto en Afrique. L’investissement dans les actifs numériques y est perçu comme une opportunité de diversification financière.
Toutefois, en l’absence d’une réglementation complète et face à la persistance des risques d’arnaque liés aux systèmes de Ponzi, il est crucial :
- De toujours vérifier la légitimité et l’enregistrement de toute plateforme.
- D’investir uniquement l’argent que l’on est prêt à perdre.
- De privilégier l’éducation financière avant tout placement.
Le chemin vers un écosystème crypto sécurisé et bien régulé est encore long en CEMAC, mais les démarches de l’État et des régulateurs indiquent une volonté de cadrer cette nouvelle niche d’investissement.
Vous êtes un utilisateur de cryptomonnaies au Cameroun ou dans la zone CEMAC ? Partagez votre expérience et vos conseils de prudence dans les commentaires !
